"Nous reconduirons cette mesure si la situation l’exige" annonçait fièrement il y a quelques jours le maire Grégory Doucet, se réjouissant du succès des journées d’ouvertures gratuites durant la canicule, début juillet, de trois grands musées de la Ville de Lyon — Gadagne, Beaux-arts et musée d’Art contemporain. Concernant ce dernier, ça va être difficile : le MAC, situé à la Cité Internationale, est fermé jusqu’au 19 septembre.
Deux mois de fermeture en pleine saison d’été, de vacances, de tourisme. Pour une grande métropole qui se veut attractive, c’est un poil triste, mais ça ne semble pas émouvoir grand-monde que ni les familles coincées à Lyon pendant les vacances, ni les touristes ne puissent franchir les portes closes de cette institution publique.
Heureusement, d’autres prennent le relais. Tel le musée Jean Couty, qui propose depuis plusieurs semaines une très belle exposition, “Lyon, ville rêvée”, consacrée aux vues de Lyon réalisées, dans leur majeure partie, par des artistes locaux — même si Doisneau pointe aussi le bout de son Rolleiflex.
Tout le ban et l’arrière-ban de la scène picturale lyonnaise, courants et époques confondues, est ici réuni pour célébrer la ville d’Alexandre Lacazette et Cleet Boris : de la place Bellecour à Fourvière, en passant par les petites rues des Pentes, les quais de Saône ou encore des ciels resplendissants chapeautant la resplendissante cité, partout Lyon est mise à l’honneur, célébrée par de grands noms prisés des collectionneurs tels Jean Fusaro, Jacques Truphémus et Couty lui-même. Mais aussi par François Poncet, un maître des ciels colorés. Et André Cottavoz, Paulette Genet, Evaristo, Paule Martigny, Hélène Mouriquand, jusqu’à la fine Michèle Caussin Bellon, dite Poupée, dont on notera une superbe vue impressionniste de l’Hôtel-Dieu.
Celui que l’on mettra en lumière ici n’a pas grand-chose à voir esthétiquement avec ses compagnons de pinceaux suscités, mais il est là, lui aussi, bien présent, et c’est l’une de ses toiles qui marquera le visiteur, peut-être justement parce qu’elle détonne au milieu des autres. Ariel, œuvrant aux confluents de l’art singulier et de l’outsider art, empruntant à l’art brut et à la bande dessinée tout autant qu’à l’art religieux, est défendu par la galerie Dettinger, dont on connaît la pertinence en matière d’art empruntant des chemins de traverses.
Ce n’est pas non plus un inconnu : il est le fils d’une autre figure de la peinture lyonnaise, Evaristo. Et rien que pour sa "flânerie de Fourvière à Saint-Jean, avec au centre l’humanité entraînée dans sa chute par le serpent", comme il décrit son huile sur toile de 2024 dans le catalogue de l’exposition, nous nous rendrons jusqu’à ce délicieux musée près de l’île Barbe.
Musée Jean Couty
Où ? 1 place Henri Barbusse ; Saint-Rambert ; Lyon 9e
Quand ? Jusqu’au 18 janvier 2026 ; du mercredi au dimanche de 11h à 18h
Combien ? De 0 à 6 €
Visite guidée le vendredi 1er août à 14h30