Du cachot au mémorial : la prison de Montluc, témoin du passé lyonnais

Du cachot au mémorial : la prison de Montluc, témoin du passé lyonnais
Du cachot au mémorial : la prison de Montluc, témoin du passé lyonnais - Lyon Poche

Au cœur du 3e arrondissement de Lyon, la prison de Montluc fut un lieu de souffrance et de résistance, marqué par des événements tragiques et des figures historiques telles que Jean Moulin et Klaus Barbie. Aujourd’hui, ce site mémoriel témoigne d’une histoire aussi sombre que nécessaire à la mémoire collective.

C’est sous un ciel nuageux que nous sommes accueillis par notre guide Sylvain au sein du Mémorial National de la prison de Montluc à Lyon. Située 4 rue Jeanne-Hachette, dans le 3e arrondissement, cette prison a été construite en 1921. Tout d’abord utilisée comme prison militaire, le bâtiment a connu de nombreux remaniements durant les années qui se sont écoulées : fermetures et réouvertures successives, accueil de militaires, puis de détenus politiques et de populations persécutées, marquant ainsi son évolution à travers l’Histoire.

Lors de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement sous le régime de Vichy, Montluc devient un centre de détention pour les opposants politiques et les premiers résistants. Puis, une fois l’invasion de la zone libre par les Allemands, elle est placée sous le contrôle de la Wehrmacht et utilisée par la Gestapo dirigée par le célèbre Klaus Barbie.

C’est dans une ambiance chargée d’histoire que l’on se déplace dans l’enceinte de ce lieu, jusqu’à arriver devant les cellules des prisonniers. Réparties sur trois étages, avec une dimension de 4m2, les cellules affichent peu d’espace pour un prisonnier et encore moins pour 7/8 internés. En effet, durant cette période la prison est en surpopulation, accordant des conditions de vie inhumaines pour les résidents.

"Ils ont le droit à un faux café le matin, une sorte d’eau noircie, puis un bol de soupe à midi et le soir un bout de pain avec une sorte de margarine", nous explique Sylvain.

En s’approchant des cellules, on peut même voir des inscriptions gravées sur les portes avec des cuillères taillées, comme des noms, des calendriers pour tenter de ne pas perdre la notion du temps lorsque ces derniers étaient enfermés plusieurs semaines, voire mois.

Au fil de la visite, on découvre le parcours de plusieurs internés, ponctué d’anecdotes marquantes : "De nombreux témoignages évoquent l’omniprésence des punaises dans ces lieux".

Entre février 1943 et août 1944, ce sont environ 10 000 personnes qui sont passées par la prison de Montluc. Parmi ces internés, figurent le célèbre Jean Moulin, Marc Bloch et les enfants d’Izieu. Plusieurs massacres ont notamment eu lieu comme celui au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval en août 1944 qui fit 120 victimes, toutes extraites de la prison de Montluc.

Au fil de la visite, les récits des prisonniers se dévoilent peu à peu, révélant leur destin tragique, mais aussi les sombres heures de Lyon sous l’Occupation. Une plongée dans une histoire fascinante, à la fois poignante et effrayante.

A la libération de la France, la prison redevient peu à peu une prison civile, incarcérant des criminels, des membres du FLN lors de la guerre d’Algérie … Elle fermera définitivement ses portes en 2009 en tant que maison d’arrêt pour femmes.

La bâtiment aujourd’hui devenu mémorial est géré par l’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre afin de rendre hommage aux victimes de la répression nazie et du régime de Vichy.

De nombreux travaux de restauration ont eu lieu pour préserver la stabilité et la durabilité des lieux, accueillant du public lors de visites gratuites notamment du jeune public afin de continuer à préserver cette mémoire.

X