Vous venez d’être nommée directrice d’exploitation, en plus de vos fonctions initiales de programmatrice : qu’est-ce que ça change pour le Groom ?
Avant, le Groom était séparé en deux entités. La partie artistique et musicale, importante sur la scène culturelle lyonnaise. Et la partie bar à cocktails, qui occupe également une bonne place sur la scène cocktail nationale, voire internationale : plusieurs de nos anciens barmans se sont établis à l’étranger et travaillent dans des lieux reconnus.
Lors du départ du dernier manager, nous nous sommes rendu compte que le lieu avait évolué. Le secteur du cocktail a changé. Nous avons décidé de favoriser la partie dont je m’occupais précédemment, l’artistique, qui représente l’identité du lieu : pour les Lyonnais, le Groom reste un bar à concerts et un club. La partie cocktail a été très mise en avant à l’ouverture, mais le public amateur est aujourd’hui plus réduit. Ça fait six ans que je suis là, nous avons convenu qu’il était logique que je prenne désormais les décisions seule sur l’orientation du lieu, pour répondre aux besoins du public actuel.
Quelle est l’identité du Groom ?
À mon arrivée, la programmation était gérée par des agences extérieures. Je l’ai reprise peu après. Cet endroit peut accueillir plein de propositions différentes ! Sur la prochaine saison, nous allons avoir beaucoup de concerts en semaine, des cabarets burlesques et les soirées Club Mama dédiées aux mères de famille, en début de soirée. Des associations organisent des concerts chez nous. Depuis trois ans, nous avons des ateliers de peinture, avec modèle nu. Des soirées clubbing, avec une vibe un peu italo-disco, des DJs house et beaucoup de collectifs parisiens. Nous aurons les soirées Crush le jeudi, très années 1990/2000, avec du rap et du r&b - ce qui est nouveau chez nous. Nous allons aussi continuer les soirées cocktails, nommées Dig & Drink : une mise en valeur de la culture cocktail en compagnie d’un digger, avec des sets en vinyles uniquement. Et les soirées Occult’n’Roll, dont je suis très fière : tirage de tarot et DJ set rock’n’roll. C’est aussi une bonne zone d’expérience pour les expositions photo ou des petits marchés… Dès que le concept est intelligent pour le Groom, je suis à l’écoute. Je vais recevoir La Pulse dans le cadre de la Biennale de la danse. Peut-être même du karaoké bientôt ! Mais toujours avec un concept léché qui fonctionne dans le lieu.
Côté concerts, quelles sont les dates importantes à venir ?
Power Solo le 1er octobre, avec Pervitin en première partie. Un artiste rockabilly que j’adore. Quand je suis revenue à Lyon en 2019, il était programmé au Groom et c’est en allant voir ce concert que j’ai découvert le lieu. Je me suis dit : "Ah, il y a des endroits que je peux aimer ici !". J’avais quitté la ville depuis sept ans… Le 9 octobre, Les Playboys, édités chez Bruno de Dangerhouse. Très sixties, avec un groupe d’exotica lyonnais en première partie, qui s’appelle The Rondelles. C’est très rock, indé, garage : c’est ce que j’aime.
Côté cocktail, il y a toujours une actualité ?
Nous sommes le bar partenaire de Ginsiders, le festival de gin au Palais de la Bourse. Pour nous, c’est une grosse semaine. Je le fais en mode festival : concerts, invitations à des distilleries du Bugey, on va beaucoup s’amuser avec l’équipe du bar.
Quelles difficultés rencontre une salle tournée vers les scènes émergentes ?
Après le Covid, il y a eu une évolution assez intense des coûts. Beaucoup de gens se sont lancés aussi. Il y a eu d’un coup énormément de demandes, de besoins de la part d’artistes émergents. Et une évolution du montant des cachets assez ouf. Je suis assez choquée parfois ! Nous n’avons pas tous la même politique, la mienne étant que je prends le lieu où je travaille au sérieux, donc les gens qui viennent sont payés à un tarif, à mon sens, très correct. Nous avons une capacité de 130 personnes ! Nous ne pouvons pas faire des billets à 25 euros : ça ne me semble pas possible pour un lieu comme le Groom, basé sur la curiosité, il faut que les gens osent passer la porte. Dix euros, notre tarif habituel, ça peut être bloquant dans la période actuelle. Mais je ne peux pas faire du gratuit non plus : j’ai zéro subvention, zéro argent public. Ma direction adore ce que l’on fait : elle est consciente de l’impact que peut avoir un tel endroit et le soutient. Même si on a moins de ressources, elle cherche sans cesse des solutions pour que l’on puisse continuer.
Propos recueillis par Sébastien Broquet
Infos
Le Groom
6 rue Roger Violi, Lyon 1.
Du mercredi au samedi, à partir de 18h.