𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧 𝐃𝐞𝐥𝐦𝐞𝐫, 𝐁𝐢𝐥𝐥𝐲 𝐯𝐨𝐧 𝐁𝐮𝐫𝐭𝐨𝐧, 𝐁𝐫𝐢𝐚𝐧 𝐒𝐜𝐨𝐭𝐭 𝐁𝐚𝐠𝐥𝐞𝐲, 𝐄𝐯𝐚 𝐋𝐚 𝐕𝐚𝐦𝐩, 𝐋𝐮𝐥𝐮 𝐖𝐢𝐭𝐞, 𝐌𝐢𝐬𝐬 𝐂𝐡𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐨𝐧 𝐅𝐢𝐫𝐞, 𝐒𝐮𝐜𝐫𝐞 𝐝'𝐎𝐫𝐠𝐞, 𝐕𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐢𝐧𝐚 𝐝𝐞𝐥 𝐏𝐞𝐚𝐫𝐥𝐬, 𝐘𝐚𝐳𝐳... Certains des plus grands performeurs sont attendus à Lyon mi-novembre.
Le Marché Gare se transformera en cabaret rétro chic rappelant les bars clandestins de la prohibition. Des femmes et des hommes se retrouveront pour une grande fête d’effeuillage burlesque pleine de glamour, de paillettes et de rock’n’roll.
Et en tête d'affiche, l'artiste Carmen Maria Vega. La Lyonnaise, probablement le talent le plus abouti en termes de prestation scénique sur la scène française, se fondra parfaitement dans le décor, quelque part près d'Atlantic City entre les deux guerres.
Berceau d’une culture artistique audacieuse, la capitale des Gaules a toujours favorisé les formes d’expression mêlant élégance, provocation et humour. Ce n'est donc pas par hasard que le Lyon Burlesque Festival y est né. Dès le début du XXe siècle, les cafés-concerts et salles du quartier des Terreaux ou de la Guillotière accueillaient des spectacles d’effeuillage, héritiers directs du cabaret parisien. Aujourd’hui, Lyon demeure l’un des foyers français du néo-burlesque, porté par une scène dynamique où se croisent performeuses, costumières, danseuses et musiciens. On y cultive une approche singulière, plus théâtrale et poétique que provocatrice, fidèle à la tradition de la satire et du jeu de rôles. À travers ateliers, représentations intimistes et collaborations avec les lieux culturels locaux, la ville perpétue un art de vivre où le burlesque devient une forme de liberté, de dérision et de célébration des corps.
Avant d’être synonyme de paillettes et de sensualité, l’effeuillage burlesque est un art complet, né de la rencontre entre la danse, le théâtre et la satire. Ses origines remontent au XIXe siècle, dans les cabarets londoniens et parisiens, où les artistes détournaient les codes de la féminité et de la morale victorienne. L’idée n’était pas seulement de se dévêtir, mais d’en faire un spectacle comique et élégant, empreint d’ironie et de second degré. À l’époque, les pionnières, comme Lydia Thompson et sa troupe des British Blondes, imposent un ton audacieux : elles inversent les rôles, se moquent du regard masculin et jouent avec les conventions du genre.
Démarche artistique, humoristique et politique
C’est aux États-Unis, dans les années 1920 à 1950, que l’effeuillage burlesque connaît son âge d’or. Les clubs de Chicago, New York ou San Francisco accueillent des icônes devenues mythiques : Gypsy Rose Lee, Tempest Storm ou Bettie Page, qui mêlent humour, glamour et autodérision. Loin de la vulgarité, le burlesque s’impose comme une affirmation artistique et féminine, où chaque costume, chaque geste, chaque regard raconte une histoire. L’effeuillage devient alors un acte de mise en scène du désir, mais aussi de contrôle de son image : les performeuses décident comment, quand et pourquoi elles se dévoilent.
Tombé dans l’oubli avec l’avènement de la pornographie et la standardisation du strip-tease, le burlesque renaît dans les années 1990-2000, porté par une vague féministe et rétro. Des figures comme Dita Von Teese redonnent à cet art son lustre d’antan, en célébrant la diversité des corps et l’expression de soi. En France, des artistes telles que Juliette Dragon ou Roxane Butterfly participent à ce renouveau, en organisant festivals, ateliers et cabarets néo-burlesques.
Aujourd’hui, l’effeuillage burlesque s’inscrit dans une démarche à la fois artistique, humoristique et politique. Sur les scènes de Lyon, Paris ou Berlin, les performeuses et performeurs - car les hommes aussi s’y sont invités - réinventent les codes du cabaret pour en faire un espace d’émancipation et de créativité. Loin du simple spectacle érotique, il s’agit d’un art du regard et du pouvoir de soi, où chaque geste incarne une revendication joyeuse.
Alors laissez-vous tenter par le danger et l'interdit, le champagne coule à flot, la musique enivre et les corps sont beaux. Et surtout, le talent est présent, dans chaque mouvement.
Infos
Les 14 et 15 novembre à 20h et 20h30.
Marché Gare, Lyon 2.
De 36 à 40 €.