Fabien Hyvernaud : "Le Ninkasi Musik Lab doit devenir un dispositif national"

Fabien Hyvernaud : "Le Ninkasi Musik Lab doit devenir un dispositif national"
DR Gaëtan Clément

Le Ninkasi Musik Lab, dispositif accompagnant les artistes émergents de la région, fêtera ses dix ans l’an prochain avec la promotion en cours de recrutement et vise un rayonnement national : on en parle avec Fabien Hyvernaud, le directeur général musique du Ninkasi.


Le Ninkasi Musik Lab, c'est quoi ?

C’est un dispositif créé en 2016, sur les cendres du Tremplin Découvertes Ninkasi que j’avais lancé auparavant. Mon successeur l’a pimpé et renommé. À mon retour en 2018, j’ai voulu que l’on franchisse un cap. Notamment en axant sur la professionnalisation des artistes émergents et en sortant de cette démarche de tremplin. À l’époque, on accompagnait douze artistes. Désormais, c’est huit, compte-tenu des finances et des baisses de mécénat (on est principalement financé par du mécénat interne et externe). Depuis 2018, je rajoute chaque année des segments, j’essaye de densifier, tout en étant dans une économie somme toute assez frugale. La photo en 2025, elle est top car on est passé d’un an à 18 mois d’accompagnement. En dix ans, on a rajouté des formats de résidence et l’ensemble des concerts sont évidemment rémunérés ; on a développé les festivals partenaires - pour la première fois, on était au Foreztival cette année - et on a toujours notre date annuelle aux Subs. On a augmenté la partie formation avec l’intervention des Formations d’Issoudun (la référence en France pour les métiers du spectacle). On fait des modules sur l’édition, la communication, la propriété intellectuelle, sur l’IA…

Avez-vous de nouvelles ambitions ?


La grosse nouveauté, c’est que l’on part désormais en tournée avec trois dates pour le groupe lauréat de l’an dernier, 111. L’intérêt, c’est que le groupe sorte de Lyon et que le Ninkasi Musik Lab rayonne sur tout le territoire français, ce qui est la réelle ambition à terme : nous voulons être un dispositif national, comme peuvent l’être les Inouïes ou le FAIR. C’est ancré, on veut tendre vers ça. La récession budgétaire est complexe, c’est notre fond de dotation qui finance le dispositif à 98%. Les 2% restant étant la Ville de Lyon, qui sur un budget de 120 000 euros, nous donne 5000. C’est cool, mais il faut se battre pour aller chercher le reste. On vise la rémunération systématique des artistes en résidence : ce n’est pas encore le cas. On aimerait bien valoriser ce travail-là, et faire une tournée plus longue avec le lauréat. 


Quels sont les critères pour candidater ?

Les candidatures seront clôturées le 31 octobre. On s’adresse aux artistes émergents en voie de professionnalisation. Aujourd’hui, on ne s’adresse plus uniquement aux artistes de Rhône-Alpes, mais à une trentaine de départements limitrophes, ça va notamment jusqu’à la Région PACA, toujours dans cette idée de se diriger vers un dispositif national. Ça ne monte pas encore jusqu’à Caen ou Paris, mais on s’étend. 80 % des candidatures sont encore issues de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, parce que le Ninkasi n’est pas assez connu ailleurs, mais ça progresse chaque année.


Combien de groupes se présentent ?

Entre 450 et 600. C’est énorme ! On en retient huit. On élimine les artistes qui ne jouent que des reprises et qui se sont perdus dans la candidature, ceux d’autres régions pas encore intégrées au dispositif, les artistes pas très bons, aussi. On écoute tout le monde : c’est un gros boulot. On se réunit ensuite avec le jury, paritaire, qui sera composé cette année de 18 personnes : on écoute environ 140 groupes à cette étape.
 
Quelles sont les réussites des années passées ?

Quand je vois After Geography qui commence enfin à popper, c’est mon petit cœur qui bat. Car en plus d’être de belles personnes, ils viennent de sortir un album super bien, qui fait la couv’ de Rolling Stones hebdo, on a trouvé un tourneur national avec 3C, ils font de belles dates : c’est vraiment top.


Où en sont le Ninkasi Gerland et le projet de La Saulaie ?

Ce qui est prioritaire, c’est la réouverture du Ninkasi Gerland, uniquement pour la partie restauration et café. Ce projet a clairement du retard - deux ans -, mais nous espérons avoir une bonne nouvelle d’ici la fin de l’année pour le démarrage des travaux. Nous sommes dans un contexte économique complexe. On espère fêter nos 30 ans à Gerland à l’automne 2027 ! À La Saulaie, on a fait des opérations d’ancrage territorial, notamment durant les Journées du Patrimoine avec un artiste, des visites de la friche et du quartier, c’était génial. Mais il y a un contexte politique qui arrive : les élections municipales et métropolitaines. Et vu que nous sommes sur un sujet où nous ne sommes absolument pas en autonomie financière, on aura besoin de soutien, on met en sommeil ce projet jusqu’aux élections.



Propos recueillis par Sébastien Broquet

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