Née d’un élan populaire en 1852, lorsque les Lyonnais allumèrent spontanément des lumignons pour célébrer la Vierge Marie, la Fête des Lumières a traversé les époques en préservant son âme collective. Deux siècles plus tard, elle demeure à la fois une célébration patrimoniale et un laboratoire artistique. En 2025, 23 œuvres lumineuses investiront différents lieux de la ville, dessinant une cartographie poétique entre traditions et innovations technologiques.
Chaque hiver, Lyon se réveille sous le halo d’une promesse : celle de la lumière partagée. Cette année, la manifestation affirme un thème implicite : celui du renouveau, du passage d’une lumière à l’autre. Les artistes convoqués explorent la mémoire urbaine, l’imaginaire et le vivant, faisant dialoguer le monumental et l’intime. Le parc de la Tête d’Or accueillera l’une des grandes nouveautés : L’éveil des Lumières, un ballet de 500 drones dessinant dans le ciel une fresque en mouvement (voir encadré).
Place des Terreaux, la gastronomie lyonnaise sera célébrée dans une œuvre, Le lundi, c’est raviolis, qui mêle vidéo et projection, hommage à l’un des arts de vivre les plus chers à la ville. Sur la place Sathonay, l’univers de la série Netflix Stranger Things inspirera une création immersive où la lumière devient porte vers l’étrange.
Place Louis Pradel, la culture skateboard trouvera sa résonance visuelle dans un dispositif graphique et sonore conçu comme une ode à la jeunesse urbaine.
Les enfants eux seront comblés par les fleurs lumineuses de la place Antonin-Poncet, à deux pas de Bellecour, uniquement consacrée cet hiver à la restauration avec un espace food court.
La Fête n’est pas seulement un événement, mais une mise en récit du territoire. Chaque œuvre s’ancre dans un lieu et en révèle la dimension symbolique : la cathédrale Saint-Jean se pare de Lumina, projection monumentale sur sa façade, tandis que la place des Jacobins accueillera les traditionnels Lumignons du Cœur, dédiés cette année à l’association Singa, engagée dans l’inclusion des personnes réfugiées. Par ce geste, la Ville de Lyon réaffirme l’essence solidaire de la fête : une lumière qui éclaire autant qu’elle relie.
“La créativité au cœur de la transition écologique”
L’édition 2025 s’inscrit aussi dans un contexte de sobriété énergétique assumée. Le budget a été allégé de 800 000 euros par rapport à l’an dernier - mais compensé de moitié par les mécènes -, sans que la qualité artistique ne soit sacrifiée. L’ensemble des installations repose sur des dispositifs LED basse consommation et des matériaux réutilisables. Cette orientation écologique, portée par la municipalité, s’accompagne d’une réflexion sur la durabilité des créations et leur possible réemploi dans d’autres contextes culturels.
Le maire Grégory Doucet espère une “édition fédératrice et respectueuse”, dans la continuité d’une fête qui “place la créativité au cœur de la transition écologique”.
Si la dimension technique fascine, c’est la force collective de l’événement qui frappe encore. Près de 800 bénévoles seront mobilisés, aux côtés des équipes artistiques, des institutions et des entreprises mécènes. La Fête des Lumières demeure un moteur pour la scène locale : les collectifs lyonnais comme Light Event Consulting, Les Allumeurs de Rêves ou Collectif Coin continuent d’y faire rayonner le savoir-faire lyonnais en matière de design lumière, aujourd’hui exporté à travers le monde.
Dans un monde saturé d’images, la Fête des Lumières conserve ce pouvoir rare de rassembler autour d’un émerveillement commun. Les promeneurs deviennent spectateurs, les places se métamorphosent en œuvres vivantes, et la ville se fait théâtre de ses propres émotions. À l’heure où Lyon cultive son image de métropole créative, la lumière devient plus que jamais un langage partagé, capable de concilier innovation, mémoire et poésie.
En 2025, Lyon ne se contente pas d’illuminer ses façades : elle éclaire le lien qui unit ses habitants à leur ville. Une lumière douce, consciente, et toujours collective, qui devrait attirer plus de 2 millions de personnes dans les rues étroites de la capitale des Gaules.
Infos
Du 5 au 8 décembre, de 19h à 23h
Différents lieux en ville.