Sébastien Broquet : Les Chants de Mars, est-ce toujours un festival de chanson française ?
Nina Bailly : Avant, Les Chants de Mars, c’était un festival de chanson française. Ça a évolué : aujourd’hui, nous parlons d’un festival de musiques d’expressions francophones. Notre direction artistique dit que le texte doit être en français. Mais concernant les esthétiques, c’est bien plus varié. Nous nous sommes ouvertes au rap, à l’hyperpop, au rock, à la folk et bien d’autres.
Zoomons sur la programmation de la prochaine édition.
Nous avons 21 événements, avec beaucoup de concerts sur des jauges variées — la plus petite étant là où je travaille, à la salle Léo Ferré de la MJC du Vieux-Lyon ; et les deux plus grosses étant le Transbordeur et La Rayonne, à Villeurbanne. Nous présentons des projets artistiques très variés : le but, c’est de construire avec des lieux et des partenaires les concerts et les événements, de s’adapter à leurs spécificités. Du côté de A Thou Bout d'Chant, nous allons faire de la chanson ; à L’Épicerie Moderne, plutôt de l’indie.
Cette année, c’est très varié avec beaucoup d’artistes féminines et engagées, ce qui forme un peu une thématique pour cette vingtième édition — autour de l’engagement. Très important : c’est un programme porté et coordonné par deux MJC, celle du Vieux-Lyon et la Maison pour Tous des Rancy. C’est l’ADN du festival d’être construit par ces deux structures d’éducation populaire. Nous avons aussi beaucoup d’événements en lien avec les pratiques amateures, les jeunes et les enfants sur les temps périscolaires.
Côté musique, nous aurons une soirée d’ouverture avec Juliette Magnevasoa le 12 mars, une artiste franco-basque-malgache, très connue pour ses reprises mais qui a de belles compositions originales. Dans les incontournables, la soirée avec MPL au Transbordeur le 13 mars, qui est déjà bien avancée en termes de remplissage.
Et d’autres soirées plus jeunes, comme celle avec Zélie, une jeune artiste qui monte en pop, en compagnie de Mister Switch et de Salut l’Orage. C’est une date particulière : elle est organisée par un comité de jeunes adolescents venus de nos deux MJC et de celle de Montchat. Nous leur avons laissé carte blanche : ça nous intéressait de valoriser nos pôles ado. Mais aussi de nous dire : 'qu’est-ce qu’écoutent les jeunes adolescents aujourd’hui ? Quels sont leurs goûts, leurs centres d’intérêts ?' C’était un véritable échange des deux côtés.
Nous les avons accompagnés pour leur transmettre un cadre budgétaire, leur expliquer ce qui était important, leur parler de parité, de représentation, leur détailler les différents styles musicaux, leur montrer comment on construit une programmation. Mais les idées venaient vraiment d’eux. C’était très intéressant. Nous allons les revoir en février pendant les vacances scolaires, pour travailler sur la production et la communication de cette date. Ils reviendront le jour-même pour œuvrer à l’accueil artiste et découvrir une autre facette du métier.
Vous avez un groupe “parrain” cette année : Terrenoire. Quel est son rôle ?
C’est la première fois que nous avons un parrain, nous l’avons fait dans l’idée de fêter les 20 ans du festival. Nous nous sommes dit que ce serait intéressant d’inviter un artiste pour nous accompagner sur cette édition.
Après une réflexion autour d’artistes déjà venus au festival, Terrenoire nous a paru pertinent : ils sont Stéphanois, c’est un groupe régional. Ils sont passés plusieurs fois aux Chants de Mars, ils ont fait les 24h du Mot, un déjeuner-concert, un concert à Bizarre! en 2019. Ça nous a paru évident car leur album est incroyable, leur engagement résonne avec le nôtre — tournées régionalisées, écologie, engagement, discours des artistes, comment s’inscrire sur un territoire. Une rencontre évidente.
Ils vont intervenir à plusieurs reprises sur le festival : sur les journées professionnelles les 23 et 24 mars, sur un projet avec les chorales de nos MJC et sur la soirée de clôture au Transbordeur où nous leur avons laissé carte blanche pour la programmation.
C’est une équipe renouvelée qui programme le festival désormais : pourriez-vous nous présenter ces nouvelles venues ?
Oui, c’est une toute nouvelle équipe qui programme ! Même si nous avons des forces vives à la communication et à la direction qui sont là depuis plusieurs années. Heureusement ! Car nous avons aussi besoin de continuité, d’un historique du festival.
Mais il s’avère qu’à la programmation, nous sommes trois nouvelles : Claudia Courtial, qui s’occupe aussi de la coordination générale ; Margaux Cannaméla, qui est aussi à la programmation de la Maison pour Tous des Rancy ; et moi, Nina Bailly.
C’est l’occasion d’impulser une nouvelle dynamique, que nous avons portée avec l’aide des salles. Ça a bien influencé ce que nous avions envie de raconter dans ce festival : parler de jeunesse, de parité, d’inclusion. Et s’intéresser à des esthétiques variées, en ayant des projets transversaux qui mettent en valeur nos MJC.
Financièrement, comment se façonne ce festival ?
Nous portons l’administratif avec les deux MJC. Mais nous ne pourrions pas fonctionner sans subvention. Les trois principales viennent de la Ville de Lyon, de la DRAC et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. La SACEM a également participé.
Nous essayons de garder des tarifs accessibles pour les prix d’entrées et nous avons créé un pass festival pour favoriser les découvertes.
C’est aussi un travail commun : nos partenaires accueillant les concerts partagent les risques financiers des dates. Sans eux, nous ne pourrions pas faire le festival.
Propos recueillis par Sébastien Broquet
Les Chants de Mars
Du 12 au 28 mars en divers lieux de Lyon