C’est l'un de ces livres comme il y en a beaucoup ces derniers temps (comme il y en a toujours eu à vrai dire) et qui loue la figure d'un parent sous un angle délivré de toute apparat nécrologique pour célébrer la vie avant tout. Une sorte de mausolée vivant, comme on dirait “crèche vivante” (le récent Ann d'Angleterre de Julia Deck, couronné du Prix Médicis, est de ceux-là).
Le fait est qu'Alors c'est bien, est aussi une clé de compréhension de l'ensemble de l'œuvre de l'écrivaine oulipienne, révélée notamment par son Cent titres qui pastichait à coups de détournements, les chefs d'œuvres de la littérature, au croisement de l'écriture et des beaux-arts.
Ce que l'on comprend ici c'est donc d'où vient la fantaisie de Mélois : de son père Bernard, sculpteur pour le moins fantasque, dont elle raconte le départ et à qui elle entend offrir des funérailles de pharaon. À la fois dans la vie (elle peint son cercueil en bleu, entre autres choses) et en livre (un sublime livre hommage, à l'avenant du style de l'autrice et de celui de son père).
Ainsi s'intercalent le récit de ses derniers moments et, dans le désordre, celui de sa vie, et dans les intervalles qu'il reste, la voix de ce père, ses paroles, certaines des phrases qu'il a prononcées ou écrites dans son journal (et qui méritaient de passer à la postérité, l'homme étant à sa manière aphoriste).
Dans ce mouvement de va et vient surtout, il y a ce sens du contre-pied qui nappe les moments graves d'une légèreté certaine, et inscrit les moments légers, les (bons) souvenirs qu'il faut garder, dans une forme d'éternité.
Stéphane Duchêne
Alors c'est bien (L'Arbalète / Gallimard ; 19,50 €)
Rencontre avec l’autrice
Quand ? Mercredi 27 novembre à 19h
Où ? Lettres à Croquer ; 104 cours Émile Zola ; Villeurbanne
Combien ? Gratuit sur inscription