S’inspirant des travaux de l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec, elle reprend l’hypothèse d’un mythe unique de la Création ayant traversé des millénaires, inscrit selon lui dans les grottes ornées du Paléolithique. La caverne y devient matrice, lieu d’émergence du monde et origine de l’humanité "homo narrans", fondée sur le besoin de mettre en récit le réel. Cette lecture nourrit la démarche de l’artiste, qui a mené depuis 2022 un travail de terrain à Lascaux, Chauvet, Cosquer ou Rouffignac, observant la manière dont copies, scénographies et parcours guidés transforment l’exploration en expérience formatée.
À KOMMET, elle assemble photographies, fac-similés, textiles, céramiques, archives et dessins en une suite de chapitres visuels : signalétique des sites, appropriation des grottes par visiteurs et intellectuels, gestes du toucher, silhouettes animales, rituels ou encore boutique souvenir. L’ensemble rappelle une chambre d’adolescent saturée d’images, comme une grotte contemporaine où elle redessine notamment des chevaux inspirés de Cheval Star. Une série de stèles en céramique, gravées de mains issues des émoticônes, questionne la continuité entre gestes préhistoriques et langages numériques.

Au centre de l’espace, un faux feu de camp invite les visiteurs à suivre un guide dans un parcours critique à travers des grottes en carton-pâte. Ici, le décor devient outil d’interrogation : que reste-t-il à voir quand le dispositif conditionne le regard ?
Elsa Fauconnet explore ainsi notre manière de consommer la culture, des parcs préhistoriques aux expositions, où se répètent parcours balisés et objets dérivés. L’artiste met en lumière la tension entre savoir, spectacle et marchandise, et interroge ce qu’il reste à raconter dans un monde où tout devient expérience à vendre.
Infos
Jusqu'au 26 janvier.
KOMMET, Lyon 3.
Gratuit.