“Ma priorité est d’abord de garantir un festival en 2026" : une nouvelle ère pour Lyon BD Festival

“Ma priorité est d’abord de garantir un festival en 2026" : une nouvelle ère pour Lyon BD Festival
“Ma priorité est d’abord de garantir un festival en 2026" : une nouvelle ère pour Lyon BD Festival - DR


Après deux ans sans direction et être passé proche de la disparition, Lyon BD cherche un nouvel élan en se dotant d’une nouvelle dirigeante venue du Liban, Herminée Nurpetlian.

Avec l’arrivée du Collège Graphique et parallèlement à la chute continue du Festival d'Angoulême, meurtri par les polémiques et un fonctionnement pour le moins discuté, le Lyon BD Festival, en plein essor lors des années où Mathieu Diez en était le directeur, semblait voir s’ouvrir face à lui un boulevard dégagé de tout obstacle pour incarner la bande dessinée en France, dans une ville où vivent nombre de dessinateurs et de scénaristes et où l’histoire du 9e art est foisonnante, remontant aux fameuses éditions Lug d’après-Guerre.

Et puis, patatras. Tout s’est écroulé. Covid, collectivités publiques exsangues et de moins en moins sensibles à la culture, problèmes de personnels dans l’équipe avec un turn-over incessant : le successeur de Mathieu Diez, Nicolas Piccato, a tenté de porter l’événement à bout de bras, luttant contre les vents contraires, avant de jeter l’éponge.

"Un puzzle à reconstituer"


Depuis deux ans, il n’y avait donc plus de directeur au sein de Lyon BD Festival et la réduction de la voilure s’est faite durement sentir côté programmation et attractivité du festival. Tout semblait indiquer la pente douce vers une fin anonyme : des modérateurs attendant toujours leur rétribution, un bailleur réclamant ses nombreux loyers en retard -c’est la SACVL qui loue les bureaux au Collège Graphique - au point que la mairie centrale a dû intervenir pour faire le liant et faciliter la discussion pour un échelonnement de l’importante dette.

Jusqu’à ce mois d’octobre où l’on apprend, par une brève du média Lyon Décideurs, qu’une nouvelle directrice est arrivée du Liban : Herminée Nurpetlian a bien pris ses fonctions en septembre.

"Est-ce que je parle trop ?” Non. Mais l’on perçoit vite l’énergie dégagée par la jeune femme venue de Beyrouth et sa volonté de ne pas perdre une minute pour remettre la structure en ordre de marche : “C’est une période de prise en main des dossiers, d’archéologie aussi pour comprendre le festival. C’est un poste que je prends après deux ans de vacation, sans direction. L’association était frileuse pour recruter, compte-tenu des expériences passées : il y a eu beaucoup de turn-over, ce qui a encore plus fragilisé la situation. C’est tôt pour faire un état des lieux, ça ne fait que six semaines que j’ai pris mon poste, mais j’arrive à comprendre ce qu’il s’est passé. J’ai un puzzle à reconstituer.”

 
Une édition en 2026


Herminée Nurpetlian était ces dix dernières années chargée de mission à l’Institut Français de Beyrouth, au Liban, au pôle Livres et débat d’idées. Elle gérait notamment la programmation du salon du livre francophone de Beyrouth depuis 2015, avec 200 auteurs invités. “Dix ans de crise : économique, mobilisations sociales, pandémie, explosion du port, deux tremblements de terre et au final, la guerre. C’était assez… intense. Au bout de dix ans à l’Institut Français, j’en avais fait le tour : je me sentais prête à avoir plus de responsabilités, à penser la stratégie d’une structure culturelle et manager une équipe.”

Mathieu Diez, qui occupait le poste d’attaché pour le livre ces quatre dernières années au même Institut Français, n’a pas manqué de repérer et de louer son profil.

“Ma priorité est d’abord de garantir un festival en 2026, nous dit-elle, un festival qui tienne la route, qui soit bien maîtrisé, mais qui dans sa proposition ne perde pas de sa richesse, en termes de contenus, de formats, de thématiques. Les dates sont fixées : ce sera le vendredi 12 juin pour la journée professionnelle et les samedi 13 et dimanche 14 juin pour le festival. Avec Iris Munsch, la programmatrice, on commence à réfléchir, à faire partir les premières invitations. Ma seconde priorité est de livrer avant la fin de l’année un plan triennal de redressement pour l’association.”

Les collectivités publiques semblent rassurées par cette nomination : “Elles comprennent que ça va se faire sur la durée et espèrent que je représente la fin des années de crise. Je suis confiante, car je vois du potentiel ! Il y a une sorte de nostalgie des années Mathieu Diez à Lyon BD, et c’est très bien, mais rien ne dit que ce sera pareil à l’avenir.”

Sébastien Broquet

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