L'histoire de l'Opéra de Lyon débute en 1756, lorsque Jacques-Germain Soufflot, l'architecte du Panthéon parisien, conçoit le "Grand Théâtre". Cette première salle, inspirée des théâtres italiens, pouvait accueillir jusqu'à 2000 spectateurs debout. La scène était légèrement inclinée vers le public, et la machinerie se trouvait en sous-sol pour faciliter les changements de décors.
Le plafond, peint par le décorateur Latilla et travaillé par Joseph-Jean-Pascal Gay, ajoutait une touche artistique à l’ensemble.
La façade classique s’inspirait des théâtres italiens, notamment du théâtre de Vicence conçu par Andrea Palladio. Elle était ornée d’une large corniche et d’une balustrade. Et une sculpture représentant Apollon avec deux Génies, réalisée par Antoine Michel Perrache, surmontait la façade, symbolisant la dévotion du lieu aux arts et au dieu de la musique et des arts poétiques
Mal entretenu au fil des décennies, le Grand Théâtre ferma temporairement pendant la Révolution française et fut vendu comme bien national. En 1826, il fut détruit par un incendie après que la ville ait envisagé de l’agrandir
La ville, déterminée à maintenir sa vie culturelle, fait ériger une structure provisoire sur la place des Terreaux en seulement trois mois.
Renaissance et évolution
En 1831, un nouveau chapitre s'ouvre avec l'inauguration d'un opéra conçu par les architectes Antoine-Marie Chenavard et Jean-Marie Pollet. Cet édifice néoclassique, orné de statues représentant huit des neuf muses, devient rapidement un symbole de la ville. C'est sous leur impulsion qu'apparaît également le célèbre péristyle, devenu de nos jours un haut-lieu de la pratique du breakdance.
Contrairement au précédent théâtre, la salle avait une disposition plus spacieuse et moderne. Elle comportait trois rangées de loges et un parterre équipé de sièges pour s'assoir. La capacité totale était d’environ 1800 places, contre 2400 initialement prévues.
La construction du nouveau Grand Théâtre a été marquée par des retards, des dépassements budgétaires ainsi que des tensions entre les deux architectes, Pollet quittant finalement le chantier avant son achèvement.
La métamorphose de Jean Nouvel
Dans les années 1980, l’Opéra de Lyon amorce une transformation majeure. Sous l’impulsion du directeur Louis Erlo, la ville décide de réhabiliter le bâtiment pour répondre aux normes modernes et renforcer sa réputation internationale. En 1986, un concours d’architecture est lancé, remporté par Jean Nouvel.
Le chantier se déroule entre 1989 et 1993 et la restructuration de l'Opéra est audacieuse. Tout en préservant les façades historiques et le foyer public, l'architecte triple la surface du bâtiment en creusant cinq niveaux en sous-sol et en ajoutant six étages sous une impressionnante coupole de verre.
Un défi important était d’isoler la salle de spectacle des vibrations causées par la circulation automobile et le métro à proximité. La solution adoptée consistait à suspendre la grande salle dans une coque noire indépendante, réduisant ainsi les interférences sonores et garantissant une acoustique optimale.
Le projet, avec un budget estimé à environ 478 millions de francs (environ 73 millions d’euros), a suscité des débats sur son coût élevé. Cette somme incluait non seulement les travaux architecturaux mais aussi les équipements techniques nécessaires pour faire de l’Opéra un lieu culturel de premier plan.