Le bon plan de la semaine : “Cosi Fan Tutte” à l’Opéra de Lyon

Le bon plan de la semaine : “Cosi Fan Tutte” à l’Opéra de Lyon
Tamara Banješević © Dasha Buben

Enfin, Marie-Ève Signeyrole vient créer un opéra à Lyon : ne ratez pas l’occasion de découvrir cette metteuse en scène, qui s'attelle ici à un chef d’œuvre de Mozart au sous-texte grinçant.

Richard Brunel, en cette fin de saison, confie les clés de sa maison pour la première fois à Marie-Ève Signeyrole et c’est une excellente nouvelle tant cette metteuse en scène — et vidéaste — agite le petit milieu de l’opéra ces dernières années par la grâce de quelques productions ayant pour le moins marqué les esprits, telles “Samson et Delila” puis “Don Giovanni” à l’Opéra du Rhin et “Rigoletto” à l’Opéra national de Montpellier. 

Ce n’est pas une première pour elle à Lyon : son spectacle “Baby Doll”, conçu à partir de témoignages de femmes réfugiées et rythmé par Ludwig Van Beethoven, avait foulé en 2022 la scène de l’Auditorium, qui le co-produisait. La voici de retour en ville, dotée d’une notoriété décuplée. Après avoir débuté dans le cinéma, la réalisatrice a bifurqué lors du tournage d’un documentaire sur les coulisses de l’Opéra de Paris, faisant office d’épiphanie et la conduisant à mettre en scène son tout premier opéra en 2012.

Fort logiquement, elle sait manier à bon escient la vidéo au sein de ses spectacles ; mais surtout, Marie-Ève Signeyrole excelle à recontextualiser dans le monde contemporain, politiquement et socialement, ces partitions et livrets écrits quelques siècles avant sa naissance. Et à leur redonner une pertinence face au réel.

Ce samedi, elle s’attaque à un autre monument de Wolfgang Amadeus Mozart, “Cosi Fan Tutte”, issu de la trilogie de l’amour avec “Don Giovanni” et “Les Noces de Figaro”. Alors, on ne l’a pas vue, évidemment, et l’on ne peut présumer de la qualité de la mise en scène comme de l’interprétation par l’orchestre de cette très riche partition, dotant les clarinettes en majesté et volontairement aux antipodes de l’épure. Mais la collision entre une œuvre phare du répertoire mozartien, écrite à son sommet créatif et présentée pour la première fois à Vienne le 26 janvier 1790, et Marie-Éve Signeyrole, nous intrigue suffisamment pour que l’on tente d’obtenir une place via les listes d’attente ouvertes au guichet de l’Opéra (car c’est complet).

D’autant que la direction musicale sera assurée par l’Anglais Duncan Ward, jeune et polyvalent chef s’étant déjà frotté lui aussi à l’opéra mozartien (dont ce “Cosi Fan Tutte” en 2022 à l’Opéra du Rhin sur une mise en scène, à l’époque, de David Hermann), s’intéressant également à la musique contemporaine, qui a étudié en Inde avec Ravi Shankar et a dirigé 500 amateurs dans l’une nos œuvres favorites, le fameux “In C” de Terry Riley.

Voilà une combinaison de profils digne des mosaïques amoureuses de l’intrigue tricotée par le librettiste Lorenzo da Ponte et l’on a hâte de découvrir de quel bois se chauffent Fiordiligi (Tamara Banješević, soprano) et Dorabella (Deepa Johnny, soprano) sous la houlette de Marie-Ève Signeyrole et Duncan Ward. 

Sébastien Broquet

Cosi Fan Tutte, de Wolfgang Amadeus Mozart

Mise en scène : Marie-Ève Signeyrole

Direction musicale : Duncan Ward

À l’Opéra de Lyon ; place de la Comédie ; Lyon 1er

Du samedi 14 au mardi 24 juin

Durée : 3h35 avec une entracte

Tarif : de 10 à 116 € ; réserver sa place

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