Originaire du quartier de Caucriauville au Havre, Médine Zaouiche alias Médine a grandi avec un pied dans une cité ouvrière de Normandie et l’autre dans un héritage algérien profondément vivant. Il s’est rapidement fait remarquer non seulement pour son flow rauque et tendu, mais surtout pour un rap qui se refuse à la neutralité.
Depuis ses débuts au sein du collectif La Boussole vers 1996, Médine a toujours articulé sa musique autour de récits puissants : la migration, la discrimination, la mémoire coloniale, la violence sociale. On ne vient pas écouter Médine pour des refrains creux : on vient entendre un témoignage, une colère, parfois un cri. Son premier album solo, 11 Septembre, récit du 11e jour (2004), donne le ton en ouvrant sur un questionnement puissant : "How much more French can I be ?", titre d’un article qu’il signe dans Time après les émeutes de 2005.
La particularité de Médine, c’est son art du “rap-récit” : les histoires des "Enfants du Destin", des victimes anonymes de l’Histoire, ponctuent son œuvre. Il jongle entre politique, intimité et militantisme sans jamais dissocier le tout. Sur scène, c’est la voix grave, l’urgence contenue, le regard fixé sur le micro, et un public souvent prêt à écouter plus que la rime.
Mais Médine ne s’est pas contenté d’être “l’artiste engagé” : il est aussi l’indépendant. Il fonde son propre label, Din Records, au Havre, ce qui lui permet de rester maître de son discours et de son tempo.
Si vous vous apprêtez à assister à un concert de Médine, préparez-vous à être secoué : ce ne sera pas simplement un spectacle, mais une manifestation musicale. Il mêle textes acérés, instrumentaux crus, et moments de respiration pour laisser résonner ce qu’il y a derrière les mots. Ce soir-là, on ne vient pas oublier le monde : on vient l’entendre.
Infos
Le 13 novembre à 20h.
Le Transbordeur, Villeurbanne. 32 €.